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S’était réveillé dans mon cœur détruit,
Et disait à mes soupirs : sortez,
Et chacun sortait en gémissant.
Ils sortaient de mon sein en pleurant,
Avec une voix qui ramène souvent
Des larmes amères dans mes yeux attristés.
Mais ceux qui en sortaient le plus douloureusement
Étaient ceux qui disaient : ô âme noble,
Il y a un an que tu es montée au ciel[1].


CHAPITRE XXXVI


Quelque temps après, comme je me trouvais dans un endroit où je me rappelais le temps passé, je demeurais tout pensif, et mes réflexions étaient si douloureuses qu’elles me donnaient l’apparence d’un profond égarement. Alors, ayant conscience de mon trouble, je levai les yeux pour regarder si quelqu’un me voyait.

Et j’aperçus une femme jeune et très belle qui semblait me regarder d’une fenêtre, avec un air si compatissant qu’on eût dit que toutes les compassions se fussent recueillies en elle. Et

  1. Commentaire du ch. XXXV.