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la voir ce qui me comblait de joie. Et, quand elle s’approchait de quelqu’un, il venait au cœur de celui-ci un sentiment d’humilité tel qu’il n’osait pas lever les yeux ni répondre à son salut. Et ceux qui l’ont éprouvé peuvent en porter témoignage à ceux qui ne le croiraient pas. Elle s’en allait couronnée et vêtue de modestie, ne tirant aucune vanité de ce qu’elle voyait ou entendait dire. Beaucoup répétaient, quand elle était passée : « Ce n’est pas une femme, c’est un des plus beaux anges de Dieu. » D’autres disaient : « C’est une merveille ; béni soit Dieu qui a fait une œuvre aussi admirable ».

Je dis qu’elle se montrait si aimable et ornée de toutes sortes de beautés que ceux qui la regardaient ressentaient au cœur une douceur candide et suave telle qu’ils ne sauraient le redire. Et on ne peut la regarder sans soupirer aussitôt. Tout ceci et bien d’autres choses admirables émanent d’elle merveilleusement et efficacement. Aussi, pensant à tout cela, et voulant reprendre le style de sa louange, je voulus dire tout ce qu’elle répandait d’excellent et d’admirable, afin que non seulement ceux qui peuvent la voir, mais les autres aussi, connaissent tout ce que les mots peuvent exprimer.