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INTRODUCTION.

tous les cercles et font le tour de ce cône immense dont la pointe est fixée au centre de la terre. Les cinq premiers cercles, destinés aux péchés d’incontinence, ne sont pas entourés de remparts ; mais des eaux stagnantes et de hautes murailles rougies par la flamme environnent la sixième enceinte et défendent les abord de la cité infernale. Le septième cercle, où Dieu punit la violence, se divise en trois degrés concentriques. Le premier de ces degrés est baigné d’un ruisseau de sang, le second hérissé d’une forêt d’arbres venimeux et étranges, le troisième rempli d’un sable fin et brûlant. Le huitième cercle, celui des fosses maudites, où la fraude subit les plus terribles supplices, est le plus admirablement construit de tout l’Enfer.

Figurez-vous qu’en avançant la tête au bord de l’abîme, vous apercevez une haute muraille à pic formant les parois d’une vaste cavité circulaire. Le fond de ce gouffre béant, formé d’un immense bloc de granit noirâtre, descend de tous côtés par une pente égale vers un puits plus étroit et plus profond, qui mène au dernier pian de l’Enfer. Dix fossés uniformes sont creusés autour du puits central, comme dix cercles emboîtés l’un dans l’autre. Ces fossés sont séparés par des parapets qui vont toujours en s’abaissant comme les gradins d’un amphithéâtre. De la circonférence au centre, dix ponts de pierre enjambent les parapets et vont aboutir au puits, comme les rayons d’une roue réunis autour de l’axe. L’étroite ouverture du milieu est bordée de géants qui, les jambes pendantes dans le gouffre, se dressent de la ceinture à la tête, fiers, élancés, menaçants comme des tours.

Un de ces géants dépose les poètes sur le lac glacé dans lequel est enfoncé Satan, traversant la terre et accablé par tous les poids qui gravitent vers le centre. Toutes les notions cosmographiques que l’on possédait à cette époque, et celles que le génie seul pouvait deviner, ont contribué à rendre admirable la construction de l’Enfer. Il n’est pas difficile d’en calculer exactement les dimensions d’après les données qu’on peut lire dans plusieurs passages du poëme.

À mesure qu’on descend péniblement de couche en couche, et que l’on s’enfonce au sein de la terre, on rencontre de l’eau.