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INTRODUCTION

I

Vers le milieu du mois de mai de l’an de grâce 1265, un enfant fut présenté à l’église de Saint-Jean-Baptiste à Florence, et y reçut sur les fonts de baptême les noms de Durante Alighieri. Ce fut un beau jour pour l’Italie. Dieu toucha au front l’enfant prédestiné, et l’enfant devenu homme opéra des prodiges. Il dit à la nation : Relève-toi ! — et la nation se levant dans une fière attitude, secoua les éclaboussures que vingt siècles de barbarie avaient laissées sur sa robe. Il dit à l’art : Marche ! — et les cathédrales, les cloîtres, les cimetières, se couvrirent de chefs d’œuvre. Son livre, Nouveau Testament de gloire et d’espérance, a annoncé des jours meilleurs ; sa voix puissante, prolongée d’échos en échos, a frappé aux portes de l’avenir, et l’avenir a répondu à l’appel du poète ; il a rêvé, et d’une de ses idées est né Machiavel ; il a chanté, et une de ses paroles a créé Michel-Ange.

Cependant, l’homme qui avait fait à sa patrie ces brillantes promesses, que Dieu a tenues, mourait loin d’elle pauvre et proscrit. Son poème, publié par lambeaux, avait été lu avidement et chanté par le peuple. Le livre ne devait porter que ce titre, qui contenait en deux lignes toute la vie de l’auteur :