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sortir de lui, et à l’homme et à la chose, cela ne paraît pas indigne à un esprit intelligent ; car il fut choisi dans le ciel empyrée pour être le père de l’auguste Rome et de son empire. Cette Rome et cet empire, à dire vrai, furent fondés pour être un jour le lieu saint où siège le successeur du grand Pierre. Par ce voyage que tu as célébré, il apprit des choses qui furent l’origine de sa victoire et du manteau pontifical. Le Vase d’élection fit aussi ce voyage pour en rapporter du secours à cette foi, qui est l’entrée de la voie du salut. Mais moi, pourquoi y viendrais-je, ou qui me le permettrait ? Je ne suis pas Énée, je ne suis pas saint Paul, je ne suis pas digne d’une telle faveur, ni à mes yeux ni à ceux des autres. C’est pourquoi, si je me laisse entraîner à te suivre, je crains que mon entreprise ne soit insensée ; tu es sage, et tu comprends mieux que je ne parle.

Et comme celui qui ne veut plus ce qu’il voulait, et que de nouvelles pensées font changer de dessein, de sorte qu’il abandonne la chose commencée, ainsi je fis près de cette côte obscure, et mon entreprise commencée avec tant d’ardeur s’évanouit en pensées.

— Si j’ai bien compris ta parole, répondit cette ombre magnanime, ton âme est flétrie par la crainte, qui souvent accable tellement l’homme, qu’elle le détourne de toute noble entreprise, comme une fausse apparence fait cabrer la bête quand elle prend de l’ombrage. Pour te délivrer de cette crainte, je te dirai pourquoi je suis venu, et ce que j’ai appris