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t’y conduire, je te laisserai avec elle à mon départ ; car cet Empereur qui règne là-haut, parce que je fus rebelle à sa loi, ne veut pas que j’entre dans sa cité. L’univers est son empire, le ciel est son royaume ; là est sa cité et son trône sublime. Ô bienheureux ceux qu’il choisit pour ce séjour !

Et je lui dis : — Poëte, je t’en conjure au nom de ce Dieu que tu n’as pas connu, si tu veux que je me dérobe à ce danger et à d’autres plus graves, conduis-moi là où tu as dit, afin que je puisse voir la porte de saint Pierre et ceux que tu m’as faits si malheureux.

Alors il se mit en marche, et je le suivis.

CHANT II

Le jour s’en allait, et l’air rembruni enlevait à leurs travaux les êtres animés qui sont sur la terre, et moi, seul entre tous les vivants, je me préparais à soutenir la fatigue du chemin et la lutte de la pitié que va retracer ma mémoire fidèle.

Ô Muses ! ô sublime génie I secondez-moi, ô mémoire qui écrivis ce que j’ai vu, c’est ici que paraîtra ta noblesse.

Je parlai ainsi : — Poëte qui me guides, vois si mon courage est assez grand avant de m’engager dans ce terrible passage. Tu dis que le père de Sylvius, périssable encore, s’en alla au siècle immortel avec les sens d’un vivant. Mais si l’ennemi de tout mal lui fut propice, en songeant aux grands effets qui devaient