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Cerbère, chien cruel,… aboie obstinément de ses trois gueules (P. 22.)


CHANT SIXIÈME



A u moment où, recouvrant mes esprits, je sortis de cette tristesse profonde que j’avais ressentie en contemplant l’état déplorable des deux tendres parents, je vis, autour de moi, de quelque côté que je tournasse mes mouvements, mes pas et mes regards, de nouveaux tourments et de nouveaux tourmentés. J’étais arrivé au cercle de la pluie éternelle, froide, funeste et maudite, composée des mêmes matières, tombant sans cesse dans une quantité toujours égale, irrévocablement réglée par le destin : une grêle épaisse mêlée de neige, une eau noirâtre infectant la terre, inondent avec fracas l’enceinte ténébreuse de ce cercle qui est le troisième de l’Enfer. Cerbère, chien cruel et si dissemblable des autres animaux, aboie obstinément de ses trois gueules contre les damnés que la justice