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dent, vers divers ports, dans la grande mer de l’Être, avec un instinct particulier qui ne quitte jamais chacune d’elles.

« L’une porte le feu vers la lune, l’autre est un moteur qui agit sur le cœur des humains ; celle-ci resserre et rassemble la terre en elle-même ; celle-là bande l’arc qui lance la flèche non-seulement sur les créatures qui n’ont pas d’intelligence, mais encore sur celles qui ont le don de la raison et de l’amour. »

« La Providence, qui l’ordonne ainsi, fait sans cesse briller sa lumière dans le ciel au-dessous duquel est le mobile qui a le plus de rapidité. C’est là que nous porte en ce moment cette même vertu de l’arc qui, en suivant des lois qu’on ne voit jamais s’interrompre, dirige sur un BUT de joie céleste tout ce qu’il décoche.

« Il est vrai que les choses terrestres et matérielles sont quelquefois sourdes à la voix de cette puissance : alors la créature qui a la faculté de ne pas toujours obéir, abandonne la juste direction ; elle est entraînée loin du vrai chemin par l’attrait d’un faux plaisir, comme la foudre est précipitée vers la terre par le choc d’un nuage.

« Tu ne dois pas plus être étonné d’avoir été élevé si haut, que tu ne le serais de voir un fleuve descendre d’une montagne ; et ce serait un prodige, si, n’éprouvant aucun obstacle, tu t’étais arrêté plus bas, comme il y aurait lieu d’être surpris, si la flamme restait attachée à la terre. »

Béatrix se tut, et reporta ses yeux vers le ciel.