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CHANT DIX-SEPTIÈME

« L’un espère de l’élévation, parce que son voisin est abattu, et seulement pour cela il désire le voir déchu de sa grandeur. Celui-ci craint de perdre et de voir son rival acquérir la considération, la faveur, l’honneur et la réputation, et il lui souhaite toutes sortes de maux. Un autre se livre aux tourments de la colère pour une injure, il appelle avec fureur la vengeance, et ne veut que la ruine de l’offenseur. Ces trois sortes de mauvais amour se punissent dans les cercles que tu as parcourus.

« Je vais te parler de l’autre amour qui court vers la félicité sans aucune mesure. Chacun désire confusément un bien qui fait l’objet constant de ses vœux, et chacun s’efforce d’atteindre à ce but. Si vous n’êtes poussés à connaître ce bien, ou à l’acquérir après l’avoir connu, que par un amour attiédi, vous en êtes punis dans ce cercle après un juste repentir.

« Il est un autre bien qui ne rend pas l’homme heureux. Il n’est pas la vraie félicité ; il n’est pas l’essence du bonheur, la source de toute grâce, la récompense de toute vertu. L’amour qui poursuit trop ce bien étranger à Dieu est puni dans les trois cercles supérieurs. Mais je ne te dirai pas comment sont réparties les trois familles de coupables, afin que tu en cherches l’explication toi-même. »