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CHANT NEUVIÈME

Nous savions que ces âmes chéries nous entendaient marcher ; aussi, même en se taisant, elles nous assuraient que nous ne pouvions nous égarer. Mais dès que nous fûmes seuls après avoir continué d’avancer, une voix, imitant le bruit d’un éclair qui fend la nue, vint nous frapper en disant : « Quiconque me trouvera, doit me tuer ; » et elle prit la fuite avec la vélocité de la foudre qui éclate, si la nuée vient à se rompre.

À peine ce bruit eut-il cessé, que nous en entendîmes un autre qui retentit avec tant de fracas, qu’on l’eût pris pour une suite de coups de tonnerre. La voix criait : « Je suis Aglaure, qui suis devenue roche. » Alors je reculai pour me serrer contre le poète.

Déjà l’air était calme, et Virgile me dit : « Voilà le dur caveçon qui devrait contenir l’homme dans le devoir ; mais vous, vous dévorez l’appât et tirez à vous l’hameçon que présente l’antique ennemi, et le frein et les sages leçons vous sont peu profitables. Le ciel vous appelle et tourne autour de vous en vous montrant ses beautés éternelles mais votre œil ne regarde que la terre ; aussi êtes-vous châtiés par celui à qui rien n’est caché. »