Page:Dante - La Divine Comédie (trad. Artaud de Montor).djvu/229

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
177
CHANT NEUVIÈME

payement imposé en satisfaction de sa faute à celui qui a mérité ce châtiment sur la terre. »

Je repris ainsi : « Mais si un esprit, qui attend les derniers moments de son existence pour se repentir, demeure en bas de la montagne et ne parvient pas jusqu’en ce lieu, pendant autant de temps qu’il en a mis à différer sa pénitence, à moins qu’une prière salutaire ne le puisse protéger, dis-moi comment cet esprit a-t-il obtenu de parvenir jusque dans ce cercle ?

— C’est, reprit l’ombre, parce qu’un jour, pendant le moment le plus glorieux de sa vie, il s’agenouilla volontairement sur la place de Sienne, en déposant toute honte, et se soumit au point de demander, en tremblant de tous ses membres, des secours pour arracher aux horreurs de la captivité son ami qui languissait dans les prisons de Charles. Je n’en dirai pas davantage : je sais bien que mes réponses sont obscures, mais dans peu de temps tes concitoyens te feront mieux comprendre mes paroles. C’est cette action qui fit obtenir à Provenzano de ne pas attendre à la porte du Purgatoire. »