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CHANT TROISIÈME

mortels, je me dévouai à Dieu qui pardonne volontiers : mes péchés furent horribles, mais la bonté de Dieu ouvre ses bras généreux à tout ce qui lui demande grâce.

« Si le pasteur de Cosence, qui reçut de Clément l’ordre d’aller à la chasse de mes ossements, avait lu en Dieu combien la bonté est grande, ils reposeraient encore à la tête du pont près de Bénévent, sous la protection des pierres énormes qui les recouvraient : maintenant la pluie souille ces ossements ; ils sont la proie des vents, hors du royaume, près du cours du Verde, où ce prélat les fit jeter avec la malédiction des torches éteintes. Mais la malédiction de ces pontifes n’est pas telle, que l’amour éternel ne puisse nous rendre ses bienfaits tant que la mort n’a pas desséché l’espérance. Il est vrai que celui qui meurt contumace envers la sainte Église, quand même il se repentirait à la fin, doit rester en dehors de ce rocher trente fois autant qu’il en a mis à persister dans sa résistance, à moins que des prières secourables n’abrègent la durée de ses tourments. Vois donc si tu peux me réjouir en révélant à ma tendre Constance que tu m’as vu, et que tu as su de moi la longueur du retard qui nous éloigne du saint royaume ; car les prières de là-haut nous soulagent beaucoup dans ce séjour. »