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CHANT ONZIÈME.

33. « Ainsi l’un des Guido a ravi à l’autre la gloire de la langue [12], et peut-être est né celui qui tous deux les chassera du nid [13].

34 : « N’est autre chose la mondaine rumeur qu’un souffle de vent qui vient ores d’ici, ores de là, et change de nom en changeant de côté [14].

35. « Que vieux tu te dépouilles de la chair, ou que tu meures balbutiant encore pappo et dindi [15], qu’importera pour ta renommée,

36. « Avant que soient mille ans ? durée plus courte près de l’éternelle, qu’un mouvement des sourcils près du cercle qui dans le ciel le plus lentement tourne.

37. « Celui qui si peu de terrain gagne la devant moi, toute la Toscane retentit de son nom, et maintenant à peine le murmure-t-on dans Sienne,

38. « Où il était seigneur, quand fut brisée la rage florentine [16], superbe alors comme à présent vénale.

39. « Votre renommée ressemble à l’herbe, dont la couleur vient et s’en va, et que flétrit celui [17] par qui fraîche elle sort de la terre. »

40. Et moi à lui : — Tes paroles vraies me mettent au cœur une salutaire humilité, et en moi dégonflent une grande tumeur ; mais qui est celui dont tu me parlais tout à l’heure ?