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CHANT DIXIÈME.

24. Je quittai le lieu où j’étais pour voir de plus près une autre histoire, qui, derrière Michol à mes yeux blanchissait.

25. Là était sculptée la haute gloire du Principat romain, dont la vertu mut Grégoire à sa grande victoire [9].

26. Je dis l’empereur Trajan ; et près de lui, tenant le frein, une pauvre veuve baignée de larmes et de douleur.

27. Autour de lui des cavaliers couvraient et foulaient le sol, et sur eux on voyait les aigles d’or flotter au vent.

28. Au-dessous de ceux-là, la pauvrette semblait dire : « Seigneur, venge-moi de la mort de mon fils, dont j’ai le cœur brisé ; »

29. Et lui, répondre : « Attends que je revienne ! » Et celle-là, comme quelqu’un dont la douleur est impatiente : « Seigneur,

30. « Si tu ne reviens pas ? » Et lui : « Qui sera où je suis [10] te vengera. » Et elle : « Le bien d’autrui, que sera-ce pour toi, si tu oublies le tien [11] ? »

31. D’où lui : « Console-toi ; il convient qu’avant de partir s’accomplisse mon devoir ; la justice le veut, et la piété me retient. »

32. Celui qui jamais ne vit chose nouvelle [12], ouvra ce parler visible, nouveau pour nous parce qu’il ne se trouve point ici [13].