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CHANT NEUVIÈME.

16. — Ne crains point, dit mon Seigneur : sois sûr que pour nous tout va bien ; ne resserre pas en toi, mais dilate toute ta force.

17. Te voici arrivé maintenant au Purgatoire ; vois là le rempart qui le clôt tout autour, et vois l’entrée là où il parait disjoint.

18. Avant l’aube qui précède le jour, quand ton âme au dedans dormait sur les fleurs dont la vallée d’en bas est ornée,

19. Une dame vint, et dit : « Je suis Lucia ; laissez-moi prendre celui-là qui dort, ainsi je lui rendrai sa route facile. »

20. Sordello demeura, et les autres gentilles formes : elle te prit, et quand le jour fut clair, vint en haut, et moi sur ses traces.

21. Ici elle te posa, et ses beaux yeux me montrèrent cette entrée ouverte ; puis elle et le sommeil s’évanouirent.

22. Comme un homme qui doutait et se rassure, et dont la peur se change en confiance, quand il découvre la vérité,

23. Ainsi je changeai ; et mon Guide, me voyant sans crainte, monta par le rempart, et moi derrière, lui, vers la hauteur.

24. Lecteur, tu vois bien comme j’élève mon sujet, et partant ne t’étonne point si avec plus d’art je le rehausse [8].