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CHANT TRENTE-TROISIÈME.

16. Et, comme je m’approchais du terme de tous les désirs ainsi que je le devais, l’ardeur du désir se calma en moi.

17. Bernard, en souriant, me faisait signe de regarder en haut ; mais déjà, de moi-même, j’étais tel qu’il voulait ;

18. Parce que ma vue, devenant pure, pénétrait de plus en plus dans la splendeur de la haute lumière qui de soi est vraie [7].

19. Ce que je vis ensuite surpasse notre langage, impuissant à le peindre comme la mémoire à aller si loin.

20. Tel que celui qui, en songeant, voit, et après le songe la passion demeure imprimée, et le reste à l’esprit ne revient point,

21. Tel suis-je, toute ma vision presque s’étant évanouie, et encore en mon cœur distille la douceur qui naquit d’elle.

22. Ainsi la neige fond au soleil ; ainsi au vent, sur les feuilles légères, se perdait l’oracle de la Sibylle.

23. O suprême lumière qui tant t’élèves au-dessus des pensées des mortels, reprête à mon esprit un peu de ce que tu paraissais,

24. Et fais que ma langue soit assez puissante pour laisser, de ta gloire, seulement une étincelle à la gent future :