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LE PURGATOIRE.

32. Regarde comme cette bête est devenue félonne, n’étant plus corrigée par l’éperon, depuis que ta main a retiré le montoir [19].

33. O Albert [20] l’Allemand, qui abandonnes celle-ci, devenue indomptée et sauvage, tandis que tu devrais enfourcher l’arçon ;

34. Qu’un juste jugement du ciel, nouveau, éclatant, tombe sur ton sang, tel qu’en tremble ton successeur !

35. Pourquoi toi et ton père, par l’avidité d’acquérir là-bas [21], avez-vous souffert que le jardin de l’Empire fût désert ?

36. Viens voir les Montecchi et les Cappelletti [22], les Monaldi et les Filippeschi [23], homme insouciant, les premiers abattus déjà [24] et les autres dans la crainte.

37. Viens, cruel, viens, et vois l’oppression de tes nobles, et panse leurs blessures ; tu verras Santafior [25], comme on y est en sécurité [26].

38. Viens voir ta Rome, qui pleure, veuve, seule, et jour et nuit t’appelle : « Mon César, pourquoi me délaisses-tu ? »

39. Viens voir comment ces hommes s’entr’aiment : et, si de nous aucune pitié ne te meut, viens rougir de ta renommée.