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CHANT TRENTIÈME.

7. La beauté que je vis, non-seulement surpasse notre portée, mais je crois fermement que son seul auteur jouit d’elle tout entière.

8. Ici je m’avoue vaincu, plus que jamais ne le fut en aucun point de son sujet un poëte comique ou tragique.

9. Comme le Soleil, l’œil le plus débile [9], ainsi le souvenir du doux ris prive mon esprit d’une partie de lui-même [10].

10. Du premier jour où je vis son visage en cette vie, jusqu’à cette vision sans s’interrompre se suit mon chant ;

11. Mais il faut maintenant que, comme un artiste après son dernier effort, je renonce à suivre davantage sa beauté [11] en poétisant.

12. Telle que je la laisse à célébrer à une plus éclatante trompette que la mienne, qui conduit au terme son sujet ardu [12],

13. Avec la voix et le geste d’un guide diligent, elle recommença : « Nous sommes sortis du plus grand corps [13], et entrés dans le ciel de la pure lumière :

14. « Lumière intellectuelle pleine d’amour, amour du vrai bien plein de joie, joie qui surpasse toute suavité.

15. « Ici tu verras l’une et l’autre milice du Paradis [14], et l’une sous la forme où tu la verras au jour de la dernière justice [15]. »