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CHANT CINQUIÈME.

32. « Oh ! répondit-il, au pied de Casentino coule une eau appelée l’Archiano, qui, au-dessus de l’Ermitage [10], a sa source dans l’Apennin.

33. « Là où elle perd son nom [11] j’arrivai, la gorge percée, fuyant à pied, et ensanglantant la terre ;

34. « Là je perdis la vue, et le nom de Marie fut ma dernière parole, et je tombai, et seule resta ma chair.

35. « Je dirai le vrai, et redis-le parmi les vivants : l’ange de Dieu me prit, et celui de l’Enfer criait : « O toi du Ciel [12], pourquoi de lui me prives-tu ?

36. « De celui-ci tu emportes ce qui est éternel, à cause d’une petite larme qui me le ravit ; mais autre chose ferai-je du reste. »

37. « Bien sais-tu comment dans l’air se rassemble l’humide vapeur qui retombe en eau, dès qu’elle monte là où le froid la saisit.

38. « Au méchant vouloir qui ne cherche que le mal, joignant l’intelligence, il agita la fumée [13] et le vent par la puissance que lui donne sa nature.

39. « Ainsi, quand le jour fut éteint, de Pratomagno [14] au grand mont [15] la vallée se couvrit de brouillard, et le ciel au-dessus devint si dense,

40. « Que l’air saturé se convertit en eau : la pluie tomba, et dans les fossés regorgea ce que n’absorba point la terre ;