23. « Ce pourquoi, moi qui seul avant les autres parle, je te conjure, si jamais tu vois le pays situé entre la Romagne et celui de Charles [3],
24. « De m’être courtois, demandant que pour moi dans Fano bien l’on prie [4] afin que je sois purifié de mes graves offenses.
25. « De là je fus ; mais les profondes blessures par où sortit le sang dans lequel l’âme siège [5] me furent faites chez les fils d’Antenor [6],
26. « Là où je croyais être le plus en sûreté : me le fit faire un des Este, beaucoup plus irrité contre moi que ne le voulait le droit,
27. « Mais, si j’avais fui vers Mira [7] lorsque je fus atteint à Oriaco, encore serais-je là où on respire.
28. « Je courus au marais, et les joncs et le bourbier m’embarrassèrent tellement que je tombai, et là je vis de mes veines faire à terre un lac. »
29. Puis un autre dit : « Ah ! si s’accomplit le désir qui t’attire vers le haut mont [8] par pitié aide le mien.
30. Je fus de Montefeltro ; je suis Buonconte [9] : ni Giovanna, ni aucun autre n’a souci de moi ; par quoi je vais parmi ceux-ci le front bas. »
31. Et moi à lui : — Quelle force, ou quel hasard t’a égaré si loin de Campaldino, que jamais on ne connut ta sépulture ?