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LE PARADIS.

24. Je me tournai vers Béatrice ; et elle m’entendit avant que je parlasse, et me sourit un signe qui fit croître les ailes de mon vouloir ;

25. Puis je commençai ainsi : — L’amour et le savoir, lorsque vous apparut la première égalité, d’un même poids en chacun de vous se firent,

26. Parce que, dans le soleil [9] qui vous illumina et vous embrasa de sa chaleur et de sa lumière, ils sont si égaux qu’imparfaites sont toutes ressemblances.

27. Mais le désir et le savoir ont dans les mortels, par la cause à vous manifeste, des ailes diversement emplumées [10] :

28. D’où moi, qui suis mortel, je sens en moi cette inégalité, et pour cela ne rends grâces qu’avec le cœur de l’accueil paternel.

29. Je te supplie, vivante topaze, qui ornes ce précieux joyau [11], de me rassasier de ton nom [12].

30. « O mien rameau, en qui je me suis complu durant l’attente même, je fus ta racine : » ainsi, répondant, commença-t-il.

31 Puis il me dit : « Celui de qui ta race tire son nom [13], et qui, cent ans et plus, a tourné autour du mont, sur la première corniche [14],

32. « Fut mon fils et ton bisaïeul : bien convient-il que par tes œuvres tu lui abrèges la longue fatigue.