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CHANT HUITIÈME.

31. Tu m’as fait joyeux ; fais aussi, puisqu’en doute m’ont mis tes paroles, qu’il me soit clair comment peut sortir d’une douce semence un fruit amer,

32. Ainsi moi à lui ; et lui à moi : « Si je peux te montrer le vrai sur ce que tu me demandes, tu auras le visage comme tu as le dos [22].

33. « Le Bien [23] qui meut et rend heureux tout le royaume où tu montes, exerce sa providence par une vertu qu’il a mise en ces grands corps :

34. « Et non-seulement les natures prévues sont dans l’intelligence parfaite de soi, mais elles y sont avec les conditions de leur existence ;

35. « Parce que tout ce que décoche cet arc est disposé pour atteindre une fin prédestinée, comme une flèche dirigée vers son but.

36. « Si cela n’était pas, le ciel que tu parcours produirait ses effets de telle sorte qu’ils n’offriraient, au lieu d’art, que des ruines :

37. « Ce qui ne peut être si les intelligences qui meuvent ces étoiles ne sont défectives, et défective la première qui les a laissées imparfaites.

38. « Veux-tu que cette vérité te soit encore plus claire ? » Et moi : — Non, car je vois qu’il est impossible que, dans ce qui est de besoin, la nature se fatigue [24].