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LE PARADIS.

7. « Selon mon apercevance infaillible, tu t’embarrasses en cette pensée, comment une juste vengeance peut être justement punie [3].

8. « Mais je délierai bientôt ton esprit ; toi, écoute, car d’une haute doctrine mes paroles te gratifieront.

9. « En ne supportant pas que, pour son bien, la vertu qui veut, eût un frein, cet homme qui point ne naquit [4], se perdant, perdit toute sa race :

10. « D’où infirme l’humaine espèce demeura, durant beaucoup de siècles, gisante dans une grande erreur, jusqu’à ce qu’il plut au Verbe de Dieu de descendre.

11. « La nature qui de son Créateur s’était éloignée il unit à soi personnellement, par l’acte seul de son éternel amour.

12. « Maintenant sois attentif à ce raisonnement : cette nature unie à son Créateur, telle qu’elle fut créée, était pure et bonne.

13. « Mais, par sa propre faute, elle fut bannie du Paradis, s’étant détournée de la voie de la vérité et de sa vie.

14. « La peine donc subie sur la croix, si on la mesure à la nature prise, aucune jamais ne fut plus justement infligée ;

15. « Comme aussi jamais il n’en fut de plus inique, si on regarde la personne qui souffrit, à laquelle était unie cette nature.