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CHANT QUATRIÈME.

33. « Et ensuite tu as pu entendre de Piccarda, que Constance garda son attachement au voile, de sorte qu’ici elle paraît être avec moi en contradiction.

34. « Bien des fois déjà, frère, il est advenu que, pour fuir un péril, on a fait contre son gré ce qu’il ne convenait pas de faire ;

35. « Comme Alcméon [17], qui, à la prière de son père, tua sa propre mère et par pitié fut impitoyable.

36. « Sur ce point, je veux que tu penses que la force se mêle à la volonté, et qu’ainsi mêlées elles font que les offenses ne peuvent être excusées.

37. « La volonté absolue [18] ne consent point au mal ; mais elle y consent en tant qu’elle craint, si elle résiste, de tomber dans un souci plus grand.

38. « En s’exprimant de la sorte, Piccarda donc entend la volonté absolue, et moi l’autre : ainsi nous disons vrai toutes deux. »

39. Telle fut l’ondoyer du saint ruisseau, qui sortait de la fontaine d’où dérive tout vrai [19] ; tel apaisa-t-il l’un et l’autre désir :

40. — O amante du premier amant, dis-je ensuite, ô femme divine, dont le parler m’inonde et m’échauffe tellement, que de plus en plus je me ravive !