Page:Dante - La Divine Comédie, traduction Lamennais volume 2, Didier, 1863.djvu/292

Cette page a été validée par deux contributeurs.
280
LE PARADIS.

32. Ainsi fis-je du geste et de la parole, pour apprendre d’elle quelle fut la toile que n’acheva point d’ourdir sa navette [10].

33. « Une vie parfaite et un mérite éminent élèvent plus haut dans le ciel une femme [11] selon la règle de laquelle, en bas dans votre monde, on se vêtit et se voile,

34. « Pour enfin, à la mort, veiller et dormir avec cet époux, qui agrée tout vœu qu’à son plaisir la charité conforme.

35. « Du monde, pour la suivre, toute jeune je me retirai, et me couvris de son habit, et promis de tenir la voie prescrite par elle.

36. « Puis des hommes, plus habitués au mal qu’au bien, m’enlevèrent du doux cloître : ce qu’ensuite fut ma vie, Dieu le sait.

37. « Et cette autre splendeur, qui à ma droite se montre à toi, brillante de tout l’éclat de notre sphère,

38. « Ce que je dis de moi, l’entend de soi [12] ; sœur elle fut, et de sa tête ainsi fut ravie l’ombre des sacrés bandeaux.

39. « Mais après qu’au monde elle fut retournée contre son gré, et contre toute bonne coutume, jamais du cœur elle ne dénoua le voile [13].

40. « Celle-ci est la lumière [14] de la grande Constance  [15], qui de la seconde superbe de Souabe enfanta la troisième, et la dernière puissance. »