Page:Dante - La Divine Comédie, traduction Lamennais volume 2, Didier, 1863.djvu/274

Cette page a été validée par deux contributeurs.
262
LE PARADIS.

23. Et si avant je pénétrai, que dans son aspect je me fis tel que se fit Glaucus [13], qui en goûtant de l’herbe, devint dans la mer le compagnon des autres Dieux.

24. Cette surhumaine transformation par des paroles ne saurait se décrire : que l’exemple donc suffise à celui à qui la grâce en réserve l’expérience.

25. Si là était de moi cela seul que tu avais nouvellement créé [14], Amour qui gouvernes le ciel, tu le sais, toi qui m’élevas par ta lumière.

26. Lorsque la roue [15] qu’éternellement tu meus, ô désiré, à soi m’eut rendu attentif, par l’harmonie que tu règles et que tu distribues,

27. Me parut embrasée de la flamme du soleil une telle étendue du ciel, que ni pluie ni fleuve ne firent jamais un si vaste lac.

28. La nouveauté du son et l’éclat de la lumière allumèrent en moi un désir d’en connaître la cause, plus vif qu’aucun autre que j’eusse jamais senti.

29. D’où elle, qui me voyait comme moi-même, afin de calmer mon âme agitée, avant que pour demander j’eusse ouvert la bouche, ouvrit la sienne,

30. Et commença : « Tu épaissis toi-même ta vue par une fausse imagination, tellement que tu ne vois pas ce que tu verrais si tu l’avais secouée.