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CHANT TRENTE-DEUXIÈME.

40 ; Ensuite je vis s’élancer vers l’intérieur du véhicule triomphal un renard [21] qui paraissait à jeun de toute bonne pâture.

41 Mais en lui reprochant ses laides coulpes, ma Dame le fit fuir aussi vite que le permirent ses os décharnés.

42. Puis, par où d’abord il était venu, je vis l’aigle descendre dans l’arche du char, et la laisser jonchée de ses plumes [22].

43. Et telle qu’elle sort d’un cœur affligé, j’ouïs une voix du ciel, qui disait : « O ma nacelle, combien mal elle se charge [23] ! »

44. Puis il me sembla qu’entre les roues du char la terre s’ouvrait, et j’en vis sortir un dragon [24] qui dans le char enfonça sa queue,

45. Et, comme la guêpe qui retire l’aiguillon, ramenant à soi la queue maligne, la retira, et s’en alla joyeux.

46. Ce qui resta d’intact, comme de gazon se recouvre une terre vivace, peut-être à bonne et pure intention, de la plume offerte

47. Se recouvrit, et en furent couverts l’une et l’autre roue et le timon, en moins de temps qu’un soupir ne tient la bouche ouverte.

48. La machine sainte ainsi transformée, de ses parties sortirent des têtes, trois sur le timon, et une à chaque coin [25].