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CHANT TRENTE-UNIÈME.

7. Ainsi éclatai-je sous cette pesante charge, épanchant au dehors larmes et soupirs, et la voix s’arrêta au passage.

8. D’où elle à moi : « A mes désirs, qui te conduisaient à l’amour du bien [4], au delà duquel il n’est rien à quoi l’on aspire,

9. « Qu’as-tu trouvé qui s’opposât, quels fossés, quelles chaînes, pour quoi d’aller plus avant tu dusses ainsi renoncer à l’espérance ?

10. « Et quels charmes ou quels avantages t’ont montrés les autres [5], que, par eux, tu dusses être attiré ? »

11. Après avoir poussé un soupir amer, à peine eus-je assez de voix pour répondre, et avec fatigue les lèvres la formèrent.

12. Pleurant, je dis : — Les choses présentes, avec leur faux plaisir, attirèrent mes pas, sitôt que se cacha votre visage.

13. Et elle : « Si tu avais tu ou nié ce que tu confesses, ta coulpe n’en serait pas moins connue : la sait le souverain Juge.

14. « Mais quand, de sa propre bouche, le pécheur s’accuse, en notre cour la roue tourne contre le tranchant [6].

15. « Mais pour que tu rougisses maintenant de ton erreur, et pour qu’une autre fois tu sois plus fort contre la voix de la Sirène,