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LE PURGATOIRE.


CHANT TRENTE-UNIÈME


1. Tournant vers moi la pointe de son parler, dont le tranchant même m’avait paru poignant [1] : « O toi qui es au delà du fleuve sacré, »

2. Poursuivit-elle sans retard, « dis, dis, si cela est vrai ; à une si grave accusation, il convient que ta confession se joigne.»

3. Tellement confus étais-je en moi-même, qu’essayant de parler, ma voix s’éteignit avant de passer mes lèvres.

4. Elle attendit un peu, puis elle dit : « Que penses-tu ? Réponds-moi. Les eaux [2] n’ont pas encore effacé en toi les tristes souvenirs. »

5. La honte et la peur, ensemble mêlées, poussèrent hors de ma bouche un « oui » tel, que, pour l’entendre, il fut besoin de la vue [3].

6. Comme l’arbalète trop tendue, quand part la détente, rompt la corde et l’arc, et avec moins de force le trait touche le but ;