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CHANT TRENTIÈME.

42. « Mais, dès qu’au seuil de mon second âge j’eus changé de vie [22], il me quitta pour se donner à d’autres.

43. « Lorsque de la chair à l’esprit j’eus monté, et que ma vertu et ma beauté se furent accrues [23], je lui plus moins et lui fus moins chère :

44. « Il engagea ses pas dans une route trompeuse, poursuivant de fausses images du bien, qui ne tiennent pas ce qu’elles promettent ;

45. « Et point ne me servit d’obtenir les inspirations par lesquelles, et en songe et autrement, je le rappelai ; tant il en eut peu de souci.

46. « Si bas il tomba, que, pour le sauver, nul autre moyen ne restait que de lui montrer la race perdue.

47. « Pour cela, je visitai la demeure des morts, et à celui qui ici-haut l’a conduit, pleurant je fis porter mes prières.

48. « De Dieu serait rompu le suprême décret, si l’on passait le Léthé, et que l’on goûtât d’une telle nourriture [24], sans avoir, en payement,

« Versé des larmes de repentance. »