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CHANT DEUXIÈME.

25. Ainsi toutes ces âmes fortunées sur mon visage fixèrent les yeux, oubliant presque d’aller se faire belles [6].

26. Je vis l’une d’elles s’avancer pour m’embrasser avec tant d’affection, qu’elle me mut à faire la même chose.

27. Hélas ! ombres vaines, excepté d’aspect ! Trois fois autour d’elle j’étendis les bras, et trois fois je les ramenai sur ma poitrine.

28. L’étonnement, je crois, se peignit en moi ; sur quoi l’ombre sourit et se retira, et moi, la suivant, au delà d’elle je passai.

29. Souèvement elle me dit de cesser : alors je la reconnus, et la priai que pour me parler elle s’arrêtât un peu.

30. Elle me répondit : « Comme je t’aimai dans le corps mortel, dégagée de lui je t’aime ; à cause de cela je m’arrête. Mais toi, pourquoi vas-tu ? »

31. — Mon Casella [7] pour retourner de nouveau là d’où je suis, je fais ce voyage. Mais toi ; pourquoi cette terre si désirable t’était-elle déniée [8] ?

32. Et lui à moi : « Aucune offense ne m’a été faite, si celui qui porte qui et quand il lui plait m’a plusieurs fois refusé ce passage ;

33. « Du juste vouloir il fait le sien ; et vraiment, depuis trois mois, il a reçu en toute paix qui a voulu entrer [9].