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CHANT VINGT-QUATRIÈME.

41. « Souvenez-vous, » disait-il, « des maudits engendrés dans les nuées, qui, rassasiés, combattirent Thésée avec des poitrines doubles [16] ;

42. « Et des Hébreux qui par le boire montrèrent leur mollesse, ce pourquoi pour compagnons point ne les voulut Gédéon, lorsqu’il descendit les collines vers Madian [17]. »

43. Rapprochés de l’un des bords, ainsi nous passâmes, oyant les péchés de la bouche, jadis suivis de misérables gains.

44. Puis, au large sur la route solitaire [18], bien fîmes-nous en avant mille pas, et plus, nous regardant sans parler,

45. « Quoi pensant allez-vous ainsi, vous trois seuls ? » dit soudain une voix : d’où je tressaillis, comme tressaillent les animaux effrayés et paresseux.

46. Je levai la tête pour voir qui c’était ; et jamais ne se vit, dans une fournaise, verre ou métal si luisant et si rouge,

47. Que l’était un qui m’apparut et qui disait : « Si vous voulez monter, il convient de tourner ; par ici va qui cherche la paix. »

48. Son aspect m’avait ôté la vue : ce pourquoi je me retirai derrière mes Maîtres, comme va un homme guidé par l’ouïe.