Page:Dante - La Divine Comédie, traduction Lamennais volume 2, Didier, 1863.djvu/186

Cette page a été validée par deux contributeurs.
174
LE PURGATOIRE.

24. « Et pas une seule fois, en parcourant ce cercle, n’a de rafraîchissement notre peine : je dis peine, et devrais dire joie ;

25. « Car ce désir qui nous conduit à l’arbre, est celui qui porte le Christ joyeux à dire « Eli [7], » lorsqu’avec son sang il nous délivra. »

26. Et moi à lui : — Forésé, depuis le jour où tu quittas le monde pour une meilleure vie, cinq ans encore ne sont pas écoulés.

27. Si en toi cessa le pouvoir de pécher, avant que survint l’heure de la bonne douleur qui nous remarie à Dieu,

28. Comment ici-haut es-tu venu ? Je croyais te trouver encore là en bas [8], où par le temps se compense le temps.

29. Et lui à moi ; « Sitôt m’a conduit à boire la douce absinthe des peines, ma Nella [9] et ses larmes abondantes.

30. Par ses pieuses prières et ses soupirs, elle m’a tiré de la côte où l’on attend, et m’a délivré des autres cercles.

31. « D’autant plus chère à Dieu est la pauvre veuve que tant j’aimai, qu’à bien faire elle est plus seule,

32. « Car la Barbagia [10] de Sardaigne est, dans ses femmes beaucoup plus pudique que la Barbagia où je la laissai.