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CHANT VINGT-DEUXIÈME.

25. « Par toi je fus poëte, par toi chrétien. Mais pour que mieux tu discernes ce que je dessine, ma main y apposera les couleurs.

26. « Déjà tout le monde était plein de la vraie croyance, semée par les messagers du royaume éternel,

27. « Et ta parole, que je viens de rappeler, s’accordait avec celle des nouveaux prédicateurs ; d’où je pris l’habitude de les visiter.

28. « Ensuite ils me parurent si saints, que quand Domitien les persécuta, à leurs pleurs je mêlai mes larmes ;

29. « Et tant que je fus de là, je les secourus, et leurs mœurs pures me firent mépriser toutes les autres sectes.

30. « Et avant qu’en mes vers je conduisisse les Grecs aux fleuves de Thèbes, je reçus le baptême ; mais par peur je me cachai d’être chrétien,

31. « Et restai longtemps païen en apparence. Cette tiédeur m’a, plus de quatre cents ans, retenu dans le quatrième cercle.

32. « Toi donc qui as levé le voile qui me cachait le grand bien dont je parle, tandis que nous avons encore à monter beaucoup,

33. « Dis-moi où est notre cher Térence [11], Cécilius, Plaute et Varron, si tu le sais ; dis-moi s’ils sont condamnés, et à quelle demeure. »