Page:Dante - La Divine Comédie, traduction Lamennais volume 2, Didier, 1863.djvu/175

Cette page a été validée par deux contributeurs.
163
CHANT VINGT-DEUXIÈME.

7. Mais dis-moi, et, comme ami, pardonne si par excès de confiance trop je lâche le frein, et comme ami désormais discours avec moi.

8. Comment put l’avarice trouver place en ton sein, soigneusement rempli, comme tu l’étais, de toute sagesse ?

9. Ces paroles provoquèrent d’abord en Stace un léger rire, puis il répondit : « Chacun de tes dires m’est une chère marque d’amour.

10. « Véritablement, quelquefois apparaissent des choses qui donnent un faux sujet d’étonnement, parce que les causes en sont cachées.

11. « Ta demande me montre que tu crois, peut-être à cause du cercle où j’étais, que je fus avare en l’autre vie.

12. « Or, sache que trop fus-je éloigné de l’avarice, et cet excès ont puni des milliers de lunaisons.

13. « Et n’était que je redressai mon penchant lorsque j’entendis comme, en ton courroux, tu gourmandes la nature humaine :

14. « A quoi ne conduis-tu point, exécrable faim de l’or, la convoitise des mortels [3] ? roulant mon fardeau, je sentirais les joutes douloureuses [4].

15. « Alors je m’aperçus que trop pouvaient s’ouvrir les mains pour dépenser, et je me repentis de ce mal comme des autres.