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CHANT DIX-NEUVIÈME.

7. « Je suis, chantait-elle, je suis la douce Sirène qui, au milieu de la mer, égare les mariniers, tant de m’ouïr le plaisir est grand.

8. « De sa route errante j’attirai Ulysse à mon chant : qui s’accointe avec moi, rarement me quitte, si pleinement je le satisfais. »

9. Sa bouche ne s’était pas encore refermée, quand soudain près de moi apparut une femme sainte, pour la confusion de celle-là.

10. — O Virgile, Virgile, qui est celle-ci ? vivement disais-je. Et lui venait, les yeux fixés seulement sur cette femme pudique [3].

11. Il prenait l’autre, et, fendant ses vêtements, par devant il la découvrait et me montrait le ventre : la puanteur qui s’en exhalait me réveilla.

12. Je tournai les yeux, et le bon Virgile : — Trois fois au moins, dit-il, je t’ai répété : Lève-toi et viens. Cherchons l’ouverture par où tu puisses entrer.

13. Je me levai. Déjà le jour remplissait tous les cercles du sacré mont, et nous allions, les reins tournés vers le soleil nouveau.

14. En le suivant [4], je portais le front comme qui l’a chargé de pensers, et qui fait de soi un demi-arc de pont,