Page:Dante - La Divine Comédie, traduction Lamennais volume 2, Didier, 1863.djvu/150

Cette page a été validée par deux contributeurs.
138
LE PURGATOIRE.


CHANT DIX-NEUVIÈME


1. Alors que la chaleur du jour, vaincue par la Terre, ou quelquefois par Saturne, ne peut plus attiédir le froid de la Lune [1] ;

2. Quand les Géomanciens voient, avant l’aube, leur Fortune majeure [2] surgir dans l’Orient, par un chemin qui longtemps ne reste pas obscur ;

3. M’apparut en songe une femme bègue, aux yeux louches, courbée sur ses jambes torses, mutilée des mains, et de couleur blafarde.

4. Je la regardais : et comme le soleil ranime les froids membres engourdis par la nuit, ainsi mon regard délia sa langue,

5. Puis, en peu d’instants, la redressa tout entière, et colora, comme le veut l’amour, son visage défait.

6. Lorsque ainsi elle eut le parler libre, elle se mit à chanter de telle sorte, que je n’eusse pu qu’avec peine détourner d’elle mon attention.