Page:Dante - La Divine Comédie, traduction Lamennais volume 2, Didier, 1863.djvu/147

Cette page a été validée par deux contributeurs.
135
CHANT DIX-HUITIÈME.

40. « Je fus abbé de San-Zeno de Vérone [13], sous l’empire du bon Barberousse, de qui avec douleur parle encore Milan [14].

41. « Et tel a déjà un pied dans la fosse, que bientôt fera pleurer ce monastère, et qui s’attristera d’y avoir eu puissance [15] ;

42. « Parce que son fils, difforme de tout le corps, et d’âme pire, et qui mal naquit, y tient la place du vrai pasteur. »

43. Je ne sais s’il en dit plus ou s’il se tut, tant il nous avait devancés ; mais cela j’entendis, et il me plut de le retenir.

44. Et celui qui en tout besoin m’avait secouru, dit : — Tourne-toi par ici, et vois-en deux venir en gourmandant la paresse.

45. Derrière tous les autres ils disaient : « Moururent ceux pour qui la mer s’ouvrit, avant que le Jourdain vît ses héritiers [16] ;

46. « Et ceux qui, jusqu’à la fin ne supportèrent pas la fatigue avec le fils d’Anchise, et se plongèrent eux-mêmes dans une vie sans gloire. »

47. Puis, quand ces ombres furent si loin de nous qu’on ne les pouvait plus voir, en moi entra un nouveau penser