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LE PURGATOIRE.

34. « Venge-toi de ces bras audacieux qui embrassèrent notre fille, ô Pisistrate. » Et le Seigneur humain et doux

35. Me semblait lui répondre, avec un visage calme : « Que ferons-nous à qui nous veut du mal, si celui qui nous aime est par nous condamné ? »

36. Puis je vis des gens, enflammés de colère, lapider un jeune homme [14] en criant l’un à l’autre : « Tue ! tue ! »

37. Et lui, je le voyais, appesanti déjà par la mort, pencher vers la terre, mais les yeux toujours fixés au ciel,

38. Et, avec un visage où se peignait la pitié, en un si grand combat, prier le Seigneur très-haut de pardonner à ses persécuteurs.

39. Lorsque revenant à soi, mon âme se tourna vers les choses qui hors d’elle sont vraies, je reconnus mon erreur non dépourvue de vérité [15].

40. Mon Guide, me voyant pareil à un homme qui rompt les liens du sommeil, dit : — Qu’as-tu, que tu ne peux te soutenir ?

41. Tu as cheminé, plus d’une demi-lieue, les yeux voilés et les jambes vacillantes, comme un homme pris de vin ou de sommeil.

42. — O mon doux Père, si tu m’écoutes, je te dirai, répondis-je, ce qui m’est apparu lorsque ainsi mes jambes fléchissaient.