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LE PURGATOIRE.

16. Et lui à moi : — Il connaît le dommage que cause son plus grand vice, et ainsi que l’on ne s’étonne pas s’il le reprend pour que moins on en pleure [8].

17. Parce que vos désirs s’attachent à ce qui, partagé entre plusieurs, diminue, l’envie vous gonfle de soupirs.

18. Mais si les élevait l’amour de la sphère suprême, en votre cœur ne serait point cette crainte [9].

19. Car, là, plus on dit « nôtre » [10], plus de bien possède chacun, et plus dans ce cloître augmente l’ardeur de la charité.

20. — Je suis plus loin d’être satisfait, dis-je, que si d’abord je m’étais tu, et plus de doutes en mon esprit s’amassent.

21. Comment se peut-il qu’un bien partagé rende plus riches de soi beaucoup de possesseurs, que si de peu il était possédé ?

22. Et lui à moi : — Parce que tu arrêtes ta pensée aux seules choses de la terre, de la vraie lumière tu ne tires que ténèbres.

23. Cet infini et ineffable bien qui est là-haut court à l’amour, comme le rayon au corps qui le reflète,

24. Autant il trouve d’ardeur, autant il se donne ; de sorte que plus s’étend la charité, plus sur elle s’épand l’éternelle vertu :