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LE PURGATOIRE.

24. Ainsi vis-je l’autre âme, qui se tenait tournée pour entendre, se troubler et s’attrister après qu’en soi elle eut recueilli les paroles.

25. Le dire de l’une, et la vue de l’autre me rendirent désireux de savoir leurs noms, et je les demandai avec prières.

26. Sur quoi, celui qui le premier avait parlé, recommença : « Tu veux que je condescende à faire ce que tu n’as pas voulu faire pour moi.

27. « Mais, puisqu’en toi Dieu veut que tant reluise sa grâce, je ne te refuserai pas : sache donc que je suis Guido del Duca.

28. « Mon sang fut si enflammé d’envie, que si quelqu’un j’avais vu se réjouir, de jalousie tu m’aurais vu livide.

29. « De ce que je semai, une telle paille je moissonne. O humaine espèce, pourquoi mets-tu ton cœur là d’où doit être exclu tout compagnon [17] ?

30. « Celui-ci est Rinieri, l’ornement et l’honneur de la maison de Calboli, où nul ne s’est rendu héritier de sa vertu.

31. « Et non-seulement sa race, entre le Pô et le mont et la mer et le Reno, est devenue pauvre de biens requis pour jouir du vrai et du contentement [18] ;

32. « Mais au dedans de ces limites [19], tant abondent les plantes vénéneuses, que sans fruit désormais serait une culture tardive [20].