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CHANT TREIZIÈME.

34. Entre les autres je vis une ombre qui semblait en attente ; et si quelqu’un me demandait comment, selon l’usage des aveugles elle levait le menton.

35. — Esprit, dis-je qui te mortifies pour monter, si tu es celui qui m’a répondu, fais-toi connaître à moi, ou par le lieu, ou par le nom.

36. « Je fus de Sienne, répondit-il, et avec ces autres je me purifie de ma vie mauvaise, demandant avec larmes que se donne à nous celui que nous implorons.

37. « Sage ne fus, quoique Sapia je fusse nommée [11], et plus de joie beaucoup eus-je du mal d’autrui, que de mon propre bien.

38. « Et afin que tu ne penses pas que je te trompe, écoute si, comme je te le dis, je fus insensée. Déjà je descendais la pente de mes ans,

39. « Et mes concitoyens étaient, près de Colle, aux prises avec leurs ennemis ; et je demandais à Dieu ce que, d’effet, il voulut.

40. « Là défaits, l’amère fuite précipita leurs pas, et voyant la chasse, j’en conçus une joie plus vive que toutes les autres joies,

41. « Et si grande que je levai ma face hardie, criant à Dieu : « Désormais, plus ne te crains [12] ! » comme fait le merle pour un peu de bonace [13].