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INTRODUCTION.

que la supériorité relative d’un certain état intermédiaire de civilisation peut devenir un obstacle à la civilisation même, et une cause de ruine pour les peuples qui s’y arrêtent. Le système celtique du clan était certainement supérieur à l’organisation élémentaire de la gau chez les Germains. Mais ceux-ci, par cette raison même, furent mieux disposés à se former en corps de nation, et par la force de l’unité ils subjuguèrent l’un après l’autre, en Écosse, en Irlande, les clans divisés, tour à tour vaincus séparément, et souvent même par l’aide que leurs animosités mutuelles les portaient à prêter à l’ennemi commun. Ainsi l’Italie séduite par l’éclatante supériorité de sa civilisation, de ses institutions républicaines et municipales, ne comprit que la cité, y renferma son patriotisme, et ne s’éleva ni à l’idée, ni au sentiment de la nationalité. C’était se condamner à la mort, car la cité n’est qu’un élément de la nationalité, une des phases de son développement, et tout être qui cesse de se développer selon sa nature, qui arrête en soi le travail de la vie, y détruit la vie même.

Les Gibelins eux-mêmes, pour la plupart, ne voyaient dans le Pouvoir impérial qu’un moyen d’apaiser les dissensions intérieures, de garantir la sécurité de chaque État particulier, de réprimer l’ambition de Rome, que ses oppressions, ses corruptions, ses exactions avaient rendue l’objet d’une haine souvent