Page:Dante - La Divine Comédie, traduction Lamennais volume 1, Didier, 1863.djvu/89

Cette page a été validée par deux contributeurs.
77
INTRODUCTION.

divine et humaine, mais de leur acharnement à poursuivre la liberté, à la détruire en chaque cité, de leur haine contre Florence surtout, centre glorieux de la démocratie. Ils préparaient de loin la voie à Charles-Quint et aux Médicis. Rome a-t-elle depuis lors dévié des siennes ? — Interrogez les ruines sanglantes sur lesquelles, en ce moment même, s’élève le trône pontifical.

Ennemis de la liberté dans leurs propres États, bien que forcés quelquefois de la tolérer, — comme à Bologne, où néanmoins, progressivement ruinée, elle avait fini par n’être plus qu’une vaine forme, — comment les papes s’en seraient-ils faits les promoteurs au dehors ?

Mais la destruction de la liberté en chaque État était la destruction de la liberté de l’Italie entière, de son indépendance et de son unité ; car elle ne pouvait ni devenir une, ni s’appartenir réellement qu’à la condition de s’organiser sur le principe de la souveraineté nationale, collective ou démocratique.

Le but constant des papes fut d’y étendre leur domination, d’y recréer à leur profit l’ancien Empire, sous la forme nouvelle de la théocratie chrétienne. Mais trop d’obstacles s’y opposaient, et, l’un des plus puissants, ils avaient eux-mêmes contribué à le susciter par la création du Saint-Empire romain, comme on le nommait, qui commença en Charle-