Page:Dante - La Divine Comédie, traduction Lamennais volume 1, Didier, 1863.djvu/87

Cette page a été validée par deux contributeurs.
75
INTRODUCTION.

du pape : le pape prend sa défense, annule le traité qu’il avait juré, le délie de ses serments, et repousse sous sa dent le peuple qu’il dévorait.

Le mouvement d’où sortit, au prix de tant d’efforts, l’affranchissement des communes en France, fut-il à aucun degré secondé par cette Rome qui prêche également aux peuples l’obéissance, et aux rois, la justice ? — Les derniers serfs affranchis sous Louis XVI appartenaient au chapitre de Saint-Claude, dans le Jura.

Quand les communes flamandes, opprimées par leurs ducs, protestèrent les armes à la main contre la violation de leurs droits, trouvèrent-elles un appui dans les pontifes romains ? Intervinrent-ils, même après la défaite, pour arrêter les atroces vengeances de leurs oppresseurs ? — demandez-le à l’histoire.

Le pays de l’Europe le plus catholique, le plus soumis à Rome, ne perd-il pas toutes ses franchises à l’instant où se consomme l’union des deux pouvoirs, où la royauté de Philippe II s’allie à l’inquisition de Torquemada ? Mais au même instant commence aussi la décadence de ce grand peuple, l’extinction de l’industrie, de la science, des arts ; dans l’ordre intellectuel et moral, dans l’ordre même de la prospérité matérielle, quelque chose qui ressemble à la mort.

Après que, sur le don que le pape lui en fit, il eut conquis, asservi, dévasté l’Amérique, on vit renaître, en des proportions gigantesques, l’esclavage ancien ;