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INTRODUCTION.

il faut qu’il le soit au trône. Ame et corps, tout leur appartient ; l’écueil est le partage, et plus encore la puissance souveraine de la nature et de ses lois. Toutefois l’alliance ne cesse jamais de subsister au fond. Si le monarque spirituel, dans la plénitude de sa force et favorisé par les conjectures, tenta de se subordonner le monarque temporel, de le transformer en un simple instrument de son propre pouvoir, de renouveler enfin chez les nations chrétiennes l’antique théocratie des premiers âges, il n’en fut pas moins constamment l’allié fidèle des rois contre les peuples. Loin de venir en aide à ceux-ci lorsque l’excès de la souffrance les poussait à secouer le joug de la tyrannie, toujours à ses yeux le droit était du côté des tyrans, pour peu surtout qu’ils humiliassent leur orgueil à ses pieds, ou satisfissent sa cupidité. Longtemps même il fit des nations la monnaie courante d’un trafic exécrable.

Les exemples abondent. Quelques-uns seulement, au hasard.

Sur la promesse d’étendre à l’Irlande le payement annuel du denier de saint Pierre, le pape Adrien livre à Henri II ce malheureux pays, pour y répandre l’instruction et extirper les vices qui déshonoraient, disait-on, la vigne du Seigneur. Telle fut l’origine d’une oppression de sept siècles.

L’Angleterre arrache sa grande charte à un monstre couronné ; mais ce monstre se reconnaissait tributaire