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INTRODUCTION.

Liberté et catholicisme sont donc deux mots qui s’excluent radicalement l’un l’autre. L’Église, par le principe de son institution, exige et doit exiger de l’homme une obéissance aveugle, absolue dans tous les ordres : obéissance dans l’ordre spirituel, puisque le salut en dépend ; obéissance dans l’ordre temporel, en tant que lié à l’ordre spirituel, puisque, si elle souffrait qu’on attaquât, à un degré et d’une manière quelconque, soit la foi nécessaire au salut, soit l’autorité qui l’enseigne, elle conniverait au plus grand crime qui puisse être conçu, le meurtre des âmes. De là aux mesures répressives, à l’Inquisition, à son code sanglant, la conséquence est rigoureuse.

Quelles que soient les anomalies apparentes, les faits exceptionnels dépendants de circonstances particulières et d’intérêts du moment, l’ineffaçable caractère du principe des institutions se manifeste toujours clairement dans l’ensemble de ses conséquences ; et ces conséquences, à l’égard de la Papauté, apparaissent à chaque page de l’histoire. Comme Bossuet l’a très-bien montré, la monarchie de l’Église a pour terme corrélatif la monarchie politique, et elle l’engendre naturellement ; d’où cette formule banale, mais profondément vraie : le trône et l’autel. Le roi et le prêtre trouvent dans cette union la garantie de leur autocratie. Ils ont senti que pour que l’homme soit enchaîné au trône, il faut qu’il le soit à l’autel, et que pour l’être à l’autel,