Page:Dante - La Divine Comédie, traduction Lamennais volume 1, Didier, 1863.djvu/78

Cette page a été validée par deux contributeurs.
66
INTRODUCTION.

enchaînement de syllogismes dépendant chacun d’un principe particulier qui en est la majeure, supposait et appelait, en remontant toujours, un principe plus universel, expression et fondement de l’unité de la science, duquel les autres tiraient toute leur valeur ; de sorte que, ce principe premier étant donné, toutes les branches de la connaissance venaient s’y rattacher et se ranger symétriquement autour, comme les rameaux autour de la tige dont ils ne sont que le développement et l’épanouissement progressif.

Ainsi, comme Dante s’est représenté premièrement Dieu au-dessus de tout et principe de tout, puis l’univers sous la double notion d’esprit et de matière, celle-ci subordonnée dans l’ordre de perfection à l’esprit qui l’informe, mais subsistant distincte de lui et indépendante de lui selon son essence et ses lois propres, il se représente, dans la société, Dieu d’abord, de qui elle émane comme de son principe, vers qui elle tend comme à sa fin ; puis un ordre spirituel et un ordre temporel, distinct de l’ordre spirituel, subordonné à lui en ce qui touche la vie spirituelle, mais indépendant de lui dans la sphère de son existence distincte et de ses lois propres. Au point de vue général et théorique le parallélisme est complet.

Mais la réalité force bientôt à descendre, de ces hauteurs de l’abstraction, dans la sphère des faits, et