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INTRODUCTION.

comme aussi à divers degrés ; de sorte que, dans le langage symbolique au moyen duquel s’entendaient entre eux les adversaires de la Rome papale, langage habituellement tiré des figures de l’Apocalypse, il est souvent très-difficile de distinguer les sentiments réels de ceux qui l’emploient, leurs idées précises, et de fixer les bornes dans lesquelles se renferme leur croyance ou leur incroyance.

Pour ce qui est de Dante, il nous paraît, lors même que sa parole est la plus empreinte d’amertume, s’indigner uniquement contre les abus de la papauté, son ambition, sa rapacité, ses dissolutions scandaleuses, en respectant l’institution et la puissance, à ses yeux d’origine divine, qu’il reconnaît lui appartenir dans l’ordre spirituel.

Nous croyons, avec M. Ozanam, que sa théologie strictement orthodoxe, était la pure théologie alors enseignée dans les écoles, la théologie de saint Thomas et des autres docteurs. On ne saurait même, en le lisant, s’empêcher de remarquer le soin particulier qu’il apporte, lorsqu’il traite de ces matières, à ne rien dire qui ne soit rigoureusement exact, non-seulement quant au fond de la pensée, mais encore quant à l’expression. Quelques déviations apparentes, dont nous aurons à parler ailleurs, n’infirment point cette observation, incontestable, ce nous semble, dans sa généralité.