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INTRODUCTION.

ils finirent même par la prendre en haine à cause de ses oppressions, de ses exactions, de son avarice insatiable et de ses corruptions de tout genre. De là, surtout dans les classes relativement instruites, une vive opposition qu’elle crut dompter par les supplices ; mais elle ne réussit qu’à la rendre secrète, à la refouler au fond des âmes où bouillonnaient les passions ardentes comme la lave en fusion dans les entrailles d’un volcan. Rien de plus vrai que ce que dit à cet égard M. Rossetti, et les preuves qu’il allégue, déjà connues, au reste, de quiconque a sérieusement étudié cette période de l’histoire, sont en général sans réplique ; seulement il n’apporte pas toujours assez de critique dans le choix de ces preuves, confondant quelquefois des choses très-différentes et même entièrement disparates. Ainsi, bien que les Albigeois aient pu avoir quelques liaisons avec d’autres ennemis de la Rome papale, ils n’en formaient pas moins une secte tout à fait à part, imbue des doctrines orientales d’un manichéisme analogue à celui de plusieurs gnostiques, et qui n’empruntaient au christianisme, dans un but de propagande plus facile, que certaines formes extérieures du culte et les dénominations verbales du sacerdoce hiérarchique. Il est vrai aussi que, en dehors de cette secte radicalement antichrétienne, la foi aux dogmes s’était ébranlée avec la foi au sacerdoce conservateur du dogme, et cela naturellement,